Malgré les circonstances difficiles de ces deux dernières années, le gouvernement a raisonnablement bien géré ses finances. Le déficit budgétaire pour l’exercice 22 devrait être limité à 6,8-6,9 % du PIB, malgré un manque important de recettes non fiscales. Si les recettes ont été exceptionnellement élevées, c’est la gestion prudente des dépenses qui a sauvé la mise. Le gouvernement a fourni peu de stimulus fiscal, arguant que l’argent dans les mains des particuliers, que ce soit par le biais de transferts directs ou de réductions d’impôts, n’encouragerait pas les dépenses et se traduirait plutôt par une plus grande épargne. Il a même limité les dépenses au début de l’année, et il est possible qu’une partie des 6,02 trillions de roupies de dépenses d’investissement ne soit pas utilisée.
Avec le ralentissement de la croissance et du commerce mondial, les prix du pétrole brut qui restent élevés et le resserrement de la politique monétaire américaine, le macro-environnement de l’année fiscale qui commence aujourd’hui pourrait s’avérer beaucoup plus difficile. Alors que les projections de recettes pour l’exercice 23 semblaient réalistes en février lors de la présentation du budget, le choc pétrolier et la hausse de l’inflation qui en découle pourraient déséquilibrer les calculs. Bien que le secteur des entreprises se porte bien, l’objectif de croissance des recettes fiscales directes de 14 % semble désormais un peu optimiste. En outre, la prévision de croissance de 16 % des recettes de la GST semble être un défi de taille, compte tenu de la base assez solide de l’exercice 22, qui devrait connaître une croissance de plus de 25 %.
Le fait est que la dépense de consommation finale privée (PFCE) est faible depuis un certain temps maintenant. Elle n’a augmenté que de 7 % en glissement annuel au troisième trimestre de l’exercice 22, sur une base très faible de 0,6 % en glissement annuel au cours de la période correspondante de l’année précédente, bien que ce soit la saison des fêtes et des mariages. Certes, la demande de services devrait s’améliorer maintenant que les restrictions liées à la pandémie ont été assouplies dans tout le pays. Néanmoins, si les entreprises continuent de répercuter la hausse des coûts des intrants sur les consommateurs par le biais d’augmentations de prix, la demande pourrait ralentir. Le gouvernement doit donc se concentrer sur les programmes de désinvestissement et de privatisation, dont les résultats ont été décevants jusqu’à présent.
Au cours de l’exercice 22, par exemple, les recettes totales jusqu’à la fin février n’ont atteint que 13 531 millions de roupies, alors que l’objectif initial était de 1 750 milliards de roupies et l’objectif révisé de 78 000 millions de roupies. L’objectif de 65 000 millions de roupies pour l’exercice 23 est modeste et sera dépassé grâce à l’introduction en bourse de la LIC, qui devrait rapporter à elle seule 65 000 millions de roupies. Toutefois, un effort plus déterminé s’impose, tant pour les ventes de participations dans les PSU que pour les ventes pures et simples d’entreprises. La vente de BPCL, par exemple, a pris beaucoup trop de temps.
Si les revenus de l’année fiscale 23 sont inférieurs aux prévisions budgétaires, le gouvernement sera sévèrement limité dans sa capacité à dépenser. Les dépenses d’investissement pour l’année en cours, qui s’élèvent à 7,5 milliards de roupies, représentent une augmentation de 24 %, mais pourraient être réduites si le gouvernement a besoin de ressources supplémentaires dans d’autres domaines tels que les subventions aux engrais. À un moment où les investissements du secteur privé sont modestes, toute réduction par le gouvernement remettrait en question la projection de croissance nominale du PIB de 11,1 %. Idéalement, le gouvernement devrait intervenir pour réduire les droits d’accise sur les carburants automobiles, en particulier le diesel, afin d’atténuer le choc pour les consommateurs, mais la pression sur le fisc est déjà forte ; les emprunts sur le marché au cours de l’exercice 23 atteindront le montant très élevé de 12,05 billions de roupies. La solution consiste à accélérer les réformes afin d’inciter le secteur privé à investir.
De la réforme foncière à l’assouplissement du droit du travail en passant par la réduction du nombre d’autorisations et d’approbations, le gouvernement central et les États doivent faciliter les activités des entreprises. En particulier, la sécurité réglementaire doit être assurée. Sinon, il sera difficile de résoudre le problème du chômage et l’économie retombera dans le creux de la vague.
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