(Bloomberg) — L’un des plus grands noms de l’investissement sur les marchés émergents mise 1,9 milliard de dollars sur l’empire de Gautam Adani, dans la plus importante démonstration de soutien de la part d’un grand gestionnaire de fonds depuis qu’un rapport de vendeur à découvert a réduit de 153 milliards de dollars la valeur marchande du conglomérat indien.
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GQG Partners de Rajiv Jain a acheté des actions dans quatre entreprises d’un trust familial Adani à des prix inférieurs aux prix de clôture de jeudi, selon une déclaration d’Adani Group et des documents boursiers. Les 10 actions d’Adani Group ont grimpé à Mumbai vendredi, leur valeur de marché combinée augmentant d’environ 8,5 milliards de dollars. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis le rapport de Hindenburg Research du 24 janvier.
L’investissement de Jain est un vote de confiance à un moment crucial pour le groupe assiégé, qui a passé les dernières semaines à essayer de redorer son image endommagée par les accusations de Hindenburg de fraude comptable et de manipulation du prix des actions. Après avoir nié ces allégations à plusieurs reprises, Adani a tenté de rassurer les détenteurs d’obligations et a même revu à la baisse ses objectifs de croissance agressifs afin d’apaiser les inquiétudes des investisseurs.
« C’est surprenant, mais ils sont arrivés à la conclusion qu’il s’agit d’une bonne opportunité d’investissement, que beaucoup d’autres n’ont peut-être pas essayé d’analyser ou de déchiffrer », a déclaré Deepak Jasani, responsable de la recherche de détail chez HDFC Securities Ltd. « Ils peuvent voir beaucoup de valeur à ces valorisations déprimées. Ils cherchent peut-être à déployer des sommes importantes en Inde et ont saisi cette opportunité. »
Adani est un pari audacieux pour le président de GQG, M. Jain, qui est connu pour préférer largement les actions sûres et défensives d’entreprises qui ont ce qu’il appelle des bilans à toute épreuve.
Né et élevé en Inde, Jain s’est fait un nom en tant que gestionnaire de fonds de marchés émergents au sein de la société suisse Vontobel Asset Management. Plus tard, il a cofondé GQG et en a fait une puissance de 88 milliards de dollars avec des investissements dans des secteurs comme le pétrole, le tabac et la banque. En 2022, alors que la plupart des gestionnaires d’actifs voyaient leurs clients retirer l’argent de leurs fonds en raison de la crise des marchés, GQG, basé en Floride, a prospéré. La société a attiré 8 milliards de dollars de nouveaux investissements et trois de ses quatre fonds phares ont battu les indices de référence par de larges marges.
Lors d’une interview jeudi après l’annonce de l’investissement, Jain a déclaré qu’il s’était intéressé pour la première fois à l’empire portuaire-énergétique du milliardaire Adani il y a plus de cinq ans, mais que jusqu’à récemment, les actions ne représentaient pas une « bonne affaire » suffisante pour prendre une position.
Après que le rapport Hindenburg ait qualifié l’ascension fulgurante du conglomérat de « plus grande escroquerie de l’histoire des entreprises », près des deux tiers de sa valeur boursière se sont évaporés, les pertes atteignant jusqu’à 153 milliards de dollars à un moment donné. Les actions ont rebondi cette semaine grâce aux efforts renouvelés du groupe pour apaiser les investisseurs lors d’une tournée de trois jours à Singapour et à Hong Kong.
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L’entreprise phare Adani Enterprises Ltd. a fait un bond de 14 % vendredi pour atteindre sa plus haute clôture depuis le 10 février. Le titre a bondi de plus de 30% au cours des trois dernières sessions. Adani Ports and Special Economic Zone Ltd. – considéré comme le joyau du groupe, a grimpé de 10 % et est en passe de réaliser sa plus forte hausse depuis avril 2021.
Adani Total Gas Ltd. a été le plus touché par la déroute parmi les 10 actions du groupe, plongeant de plus de 80 %. Les actions de ce fleuron ont perdu plus de la moitié de leur valeur.
Les valorisations du groupe ont également chuté. Adani Enterprises se négocie à moins de la moitié de ses bénéfices à 12 mois, tandis que les multiples d’Adani Transmission Ltd. et d’Adani Green Energy Ltd. ont baissé de plus de deux tiers.
« Ce qui manque ici, ce dont personne n’a parlé, c’est que ce sont des actifs phénoménaux et irremplaçables », a déclaré Jain. « Il faut être avide quand les gens sont craintifs. Chaque fois qu’il y a des fêtes en cours, nous restons sur la touche et regardons les gens danser la plupart du temps. »
GQG a acheté des actions d’Adani Ports avec une décote de 4,2% par rapport à la clôture de jeudi, ce qui se traduit par une participation de 4%. Il a acheté Adani Green Energy et Adani Transmission avec une décote de 5,7% pour des participations de 3,5% et 2,5%, respectivement, et Adani Enterprises avec une décote de 12,2% pour une participation de 3,3%. Jefferies a négocié la transaction.
Adani Transmission et Adani Green ont augmenté de la limite de 5% vendredi.
Le moins surprenant des paris de GQG est probablement Adani Ports, qui a été vanté par les investisseurs pour ses solides opérations. Le titre est le mieux couvert du groupe en dehors de ses acquisitions liées au ciment, avec une note d’achat de la part des 21 analystes suivis par Bloomberg.
Les analystes de JM Financial Ltd. s’attendent à ce qu’Adani Ports génère 140 milliards de roupies (1,7 milliard de dollars) de flux de trésorerie disponible, ce qui, selon eux, est considérablement plus élevé que ses obligations de remboursement de la dette prévues d’environ 110 milliards de roupies au cours des exercices 2024 et 2025.
Jain a déclaré que son équipe a rencontré la direction d’Adani l’été dernier et qu’il considère que l’investissement contribue à faire progresser l’économie et l’infrastructure énergétique de l’Inde, y compris les objectifs de transition énergétique.
Actifs réglementés
Dans une interview du 23 février avec Bloomberg TV, Jain a déclaré que si l’implosion d’Adani n’a pas changé son opinion sur l’Inde dans son ensemble – où GQG est surpondéré – « Adani, spécifiquement, est un appel différent à faire ».
« Il s’agit d’actifs réglementés », contrairement à Enron, a-t-il dit, ajoutant que le « système bancaire indien se porte bien ».
Alors que l’investissement de GQG devrait contribuer à fournir un « soutien tactique » aux actions Adani malmenées, les investisseurs attendront la conclusion de l’enquête ordonnée par le tribunal sur les allégations de Hindenburg contre Adani, a déclaré Nitin Chanduka, un stratège de Bloomberg Intelligence à Singapour.
La Cour suprême de l’Inde a mis en place jeudi un panel de six membres pour enquêter sur le rapport qui a fait l’effet d’une bombe. Elle a également demandé au Securities and Exchange Board of India d’examiner toute manipulation des actions d’Adani et de rendre ses conclusions dans les deux mois.
Le groupe Adani a déclaré qu’il accueillait favorablement l’ordonnance et qu’elle « apporterait une finalité dans un délai déterminé ».
Desperate to Sell
Le soutien de GQG pourrait endiguer de nouvelles baisses à court terme, mais les rabais montrent également que le vendeur était désespéré, a déclaré Abhay Agarwal, gestionnaire de fonds chez Piper Serica Advisors.
Lorsqu’on lui a demandé si le trust Adani était désespéré de vendre, Jain a contesté cette caractérisation, en notant que certaines des actions ont remonté de plus de 30 % depuis les récents points bas.
Jain a confiance dans le conglomérat et a déclaré que l' »avantage » de GQG est de comprendre mieux que d’autres comment les services publics fonctionnent.
Il a souligné qu’Adani Enterprises a généré des rendements d’environ 30% par an en dollars depuis sa cotation en bourse en 1994, surpassant certaines des sociétés les plus connues au monde.
« Que diriez-vous que cette entreprise est ? » Jain a dit. « Je dis juste que vous n’avez pas de fraudes qui durent 30 ans, en général. »
Certes, Jain a eu sa part de faux pas. Son gros pari sur la Russie – 16 % de tout l’argent de son fonds pour les marchés émergents était investi dans le pays au début de 2022 – s’est retourné contre lui lorsque le président Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine. Il a commencé à se retirer lorsque les nuages de guerre ont commencé à s’amonceler, mais il n’a pas liquidé tous les avoirs du fonds et, en conséquence, celui-ci a dégringolé de 21 % l’année dernière, ce qui en fait le seul grand fonds GQG à sous-performer son indice de référence.
La décision de Jain de sous-pondérer la Chine a également été coûteuse car le gouvernement a levé les verrouillages stricts de Covid qui paralysaient l’économie.
« Selon moi, la chute du cours des actions de la famille Adani n’a pas tant porté sur la qualité des opérations commerciales que sur la valorisation », a déclaré Gary Dugan, directeur général du Global CIO Office. « M. Jain a fait le pari que le cours actuel des actions offre de la valeur. Nous devrons voir si le marché est d’accord. »
Les certificats de dépôt australiens de GQG Partners ont chuté de 3 % vendredi, la plus forte baisse depuis le 17 février.
— Avec l’aide de Malavika Kaur Makol, Brian Chappatta et Peter Vercoe.
(Prix actualisés tout au long de l’ouvrage)
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