Les récentes inondations catastrophiques en Libye nous rappellent brutalement l’extrême vulnérabilité des pays à économie en développement face aux effets d’un climat en constante évolution.
De nombreux autres pays du continent africain sont tout aussi vulnérables. Bien qu’elle soit la moins responsable du réchauffement climatique, l’Afrique se réchauffe plus rapidement que le reste du monde.
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Je reviens tout juste de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, où le changement climatique a été au cœur des discussions. On craint de plus en plus que la communauté internationale ne parvienne pas à atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris pour lutter contre le changement climatique.
Alors que les nations du monde se sont mises d’accord à Paris en 2015 sur des actions urgentes pour limiter la hausse des températures mondiales et atténuer l’impact du changement climatique, les effets de ce dernier se font de plus en plus sentir avec une plus grande férocité.
Bien que les pays développés aient promis de soutenir les économies en développement dans leur transition vers des sociétés à faible émission de carbone et résilientes au changement climatique, ce soutien n’a pas été apporté à l’échelle et avec l’urgence nécessaires.
Entre autres, les pays riches n’ont pas fourni les financements promis dont les pays vulnérables ont besoin pour s’adapter au changement climatique et pour couvrir le coût des pertes et des dommages causés par les catastrophes climatiques.
Pour inciter les gouvernements, les entreprises, les institutions financières et la société civile à agir davantage en faveur du climat, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a organisé un sommet sur l’ambition climatique en marge de l’Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière.
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En mettant l’accent sur “l’ambition”, le Secrétaire général de l’ONU a voulu dire que les mesures prises pour lutter contre le changement climatique sont loin d’être suffisantes et qu’il n’y a pas suffisamment d’urgence.
L’Afrique du Sud a profité du sommet pour réitérer sa position de longue date, à savoir que les pays développés doivent remplir leurs obligations et honorer leurs promesses passées envers les pays en développement.
Il ne s’agit pas de charité. Il s’agit de justice économique et sociale. Les populations africaines paient littéralement le prix de l’industrialisation et du développement des pays du Nord.
Intérêts communs
Il s’agit également d’intérêts partagés, car les ravages économiques et sociaux causés par le changement climatique rendront le monde plus instable, moins sûr et accroîtront la concurrence pour des ressources rares telles que l’eau et la nourriture.
En tant que pays africains, nous ne pouvons pas être les spectateurs de notre propre développement. Nous mettons en place les mesures nécessaires pour décarboniser nos économies respectives tout en poursuivant le développement durable.
La transformation du paysage énergétique en Afrique est une priorité.
En tant que pays africains, nous avons appelé la communauté internationale à soutenir les efforts visant à accroître la capacité du continent en matière d’énergies renouvelables tout en garantissant la sécurité énergétique des populations africaines.
Cela doit se faire parallèlement à un investissement accru dans les technologies vertes intelligentes, numériques et efficaces dans les secteurs à forte intensité de carbone tels que le transport, l’industrie et l’électricité.
En Afrique du Sud, nous voulons utiliser nos abondantes ressources solaires et éoliennes pour positionner notre pays à l’avant-garde de la transition vers l’énergie propre. Les réformes réglementaires entreprises par cette administration ont abouti à une réserve confirmée de projets d’énergie renouvelable qui devraient produire plus de 10 gigawatts d’électricité.
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Nous avons réaffirmé que la transition vers des économies et des sociétés à faibles émissions de carbone doit être juste et inclusive. Elle doit également être adaptée à notre situation nationale et à nos plans de développement.
Alors que le monde s’efforce de lutter contre le changement climatique, nous devons éviter les mesures qui, tout en étant destinées à réduire le réchauffement de la planète, ne font qu’accroître la vulnérabilité des économies en développement.
L’une de ces mesures est le Mécanisme d’ajustement frontalier pour le carbone de l’Union européenne, qui augmentera les droits de douane sur toutes les importations dans l’UE qui sont produites par des processus à forte intensité de carbone.
Cette mesure devrait avoir un impact significatif sur les producteurs sud-africains, augmenter les coûts des exportations sud-africaines vers les marchés européens et réduire la compétitivité de notre économie.
Dans mon discours au Sommet Ambition Climat, j’ai déclaré que les mécanismes commerciaux doivent permettre aux produits d’Afrique d’être compétitifs dans des conditions justes et équitables. Les droits de douane et les barrières non commerciales ayant une finalité environnementale doivent être le fruit d’accords multilatéraux.
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L’Afrique du Sud s’est engagée à apporter sa juste contribution à l’effort mondial de lutte contre le changement climatique. Le message que nous avons transmis cette année à l’Assemblée générale des Nations Unies est que les circonstances particulières des pays à faible niveau de développement doivent être prises en compte et que les pays à économie développée doivent honorer leurs engagements en matière de soutien à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique.
Pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030, l’unité d’objectif et d’action entre les pays est vitale, tout comme l’est un engagement commun en faveur du multilatéralisme dans l’effort mondial de lutte contre le changement climatique.
En fin de compte, aucun pays ne devrait être contraint de choisir entre l’action climatique et la réalisation de ses aspirations en matière de développement.
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