Dans une récente contribution à l’examen par le gouvernement australien du cadre réglementaire relatif à l’intelligence artificielle, Google a exprimé sa conviction que les éditeurs devraient avoir la possibilité de refuser que leurs œuvres soient exploitées par des systèmes génératifs d’intelligence artificielle (IA).
L’entreprise soutient que la loi sur le droit d’auteur devrait être modifiée pour permettre aux systèmes d’intelligence artificielle d’exploiter l’internet. Alors que Google a déjà demandé une exception pour l’utilisation équitable des systèmes d’intelligence artificielle, l’idée d’une option de refus pour les éditeurs est un nouvel argument du géant de la technologie.
Cet article explore les implications de la proposition de Google, en se penchant sur les défis qu’elle pose au droit d’auteur et sur les préoccupations soulevées par les experts dans ce domaine. Nous examinerons également l’impact potentiel sur les créateurs de contenu, la nécessité d’une nouvelle approche des exceptions au droit d’auteur et les discussions en cours sur la compensation pour les contenus supprimés.
La nécessité de l’opt-out : La position de Google
Google propose que les systèmes de droits d’auteur permettent l’entraînement de modèles d’IA en Australie à l’aide d’un éventail large et diversifié de données, tout en fournissant un mécanisme d’exclusion viable pour les entités qui préfèrent que leurs données ne soient pas utilisées dans les systèmes d’IA. L’entreprise appelle à une discussion sur la création d’une norme web développée par la communauté, similaire au système robots.txt, qui permet aux éditeurs de refuser que certaines parties de leurs sites soient explorées par les moteurs de recherche.
Toutefois, Google n’a pas fourni de détails spécifiques sur le fonctionnement d’un tel système de désactivation. Dans un billet de blog, l’entreprise a indiqué qu’elle souhaitait une approche communautaire pour développer la norme web. Cette proposition s’inscrit dans la volonté de Google de trouver un équilibre entre les progrès de l’IA et le respect des droits des créateurs de contenu.
L’énigme du droit d’auteur
L’introduction de systèmes d’IA générative soulève d’importantes questions en matière de droit d’auteur. Kayleen Manwaring, maître de conférences à l’UNSW Law and Justice, souligne la difficulté de produire des résultats d’IA utiles, qui nécessitent souvent des millions de points de données. Ce besoin de données peut entraîner la copie de matériel protégé par le droit d’auteur, ce qui risque de porter atteinte aux droits des créateurs de contenu.
Les lois relatives à l’ingestion de systèmes d’IA varient d’un pays à l’autre, et la notion de système d’opt-out remet en question les pratiques traditionnelles en matière de droit d’auteur. M. Manwaring affirme que la reproduction de contenus protégés par le droit d’auteur sans le consentement du propriétaire contredit les principes établis du droit d’auteur et appelle à une révision complète de la manière dont les exceptions fonctionnent.
Implications pour les créateurs de contenu
L’introduction d’un système d’exclusion pourrait avoir des conséquences considérables pour les créateurs de contenu, en particulier les petites entités. Toby Murray, professeur associé à l’école d’informatique et de systèmes d’information de l’université de Melbourne, estime que la proposition de Google fait peser sur les créateurs de contenu la responsabilité de préciser si les systèmes d’IA peuvent accéder à leur contenu. Or, les systèmes de licence existants, tels que Creative Commons, permettent déjà aux créateurs de définir les modalités d’utilisation de leurs œuvres.
Murray craint que la proposition de Google ne soit une tentative d’établir des normes qui exemptent les autres entreprises de payer pour le contenu récupéré. Ce changement potentiel dans le paysage du droit d’auteur pourrait affecter de manière disproportionnée les petits créateurs de contenu, qui pourraient avoir du mal à protéger leurs œuvres contre la violation par des ensembles d’entraînement d’IA.
L’avenir du droit d’auteur et de l’IA
Les discussions en cours sur l’IA et la violation des droits d’auteur soulignent la nécessité de trouver des solutions globales pour protéger les droits des créateurs de contenu. Si cette question n’est pas abordée, les protections des droits d’auteur pourraient s’éroder, ce qui aurait des conséquences négatives tant pour les entités puissantes que pour les créateurs de contenu plus modestes.
Le gouvernement australien a envisagé diverses approches pour résoudre le problème du grattage de contenu par les systèmes d’intelligence artificielle. La sénatrice Sarah Henderson a suggéré un système potentiel similaire au code de négociation des médias d’information, qui exigerait des entreprises d’IA qu’elles paient pour les sites de scraping. La consultation du gouvernement sur la réglementation de l’IA et l’examen par le Trésor du code de négociation des médias d’information ont pour but d’informer les futurs paramètres de la politique des médias d’information, y compris les solutions potentielles pour indemniser les créateurs de contenu.
La proposition de Google de mettre en place un système d’opt-out pour les éditeurs dans le contexte de l’exploitation des œuvres par les systèmes d’IA soulève d’importantes questions sur le droit d’auteur et les droits des créateurs de contenu. Alors que le géant de la technologie plaide en faveur d’une exception d’usage loyal pour les systèmes d’IA, la mise en œuvre d’un mécanisme d’opt-out remet en cause les principes établis du droit d’auteur.
Les discussions en cours entre les décideurs politiques, les experts de l’industrie et les créateurs de contenu sont cruciales pour trouver un équilibre entre la promotion des progrès de l’IA et la protection des droits des créateurs. À mesure que le paysage de l’IA et du droit d’auteur évolue, il est impératif d’établir des cadres globaux qui soutiennent l’innovation tout en sauvegardant les intérêts de toutes les parties prenantes concernées.
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